Photographe à Clermont-Ferrand 63, formation en photographie et ateliers, ma prestation ici.
Gérer un éclairage, c'est avant tout placer les ombres afin de restituer le volume sur une image en deux dimensions, éclairer, c'est sculpter en retirant de la lumière. En ce sens, le studio idéal possède quatre murs noirs, ou clairs s'ils sont très éloignées les uns des autres puisqu'il faut commencer par éviter les rebonds susceptibles de contaminer des zones que l'on désire dans l'ombre. Afin de canaliser la lumière et de faire ressortir la matière, le photographe utilise des "modeleurs" qui permettent de gérer la transition entre l'ombre et la lumière (cf ; la lumière, les familles), la densité et la direction des ombres, les reflets et les points chauds. Chaque modeleur propose un modelé et un contraste qui lui sont propres, ce qui est aussi intéressant qu'à usage unique. La transmission, bien que peu mise en valeur par les solutions matérielles du moment, est un point capital dans cette quête.
LA LUMIÈRE – LA TRANSMISSION
Transmission et diffusion (rappel)
1. Lorsque la lumière rencontre un obstacle, le matériau absorbe (selon ses caractéristiques et la longueur d’onde de la lumière) une partie du flux lumineux dont seule une partie est transmise et réfractée (déviée selon l'indice de réfraction du second milieu) ; tout ce qui n’est ni réfléchi ni absorbé (converti en chaleur ou fluorescence) est transmis.
2. Lorsque la lumière rencontre un obstacle, elle est diffusée, c'est à dire transmise dans plusieurs directions selon l’angle d’incidence (angle formé par le rayon incident avec la normale, la droite grise en pointillé sur l'illustration ci-dessus) de la lumière rapporté au facteur de transmission de l'obstacle (% de lumière transmise). A noter que la diffusion concerne évidemment le phénomène de réflexion dans un premier temps (voir Notions fondamentales 4).
Dans la pratique photographique, la transmission directionnelle concerne uniquement la lentille de Fresnel (réfraction/transmission) dont nous avons déjà parlé dans l'article précédent.
Concernant la transmission diffuse idéale, appelée transmission diffuse isotrope, la toile permet une diffusion des rayons incidents dans toutes les directions (transmission multidirectionnelle), la surface éclairante est plus grande du point de vue du sujet, nous en connaissons les conséquences (cf ; la lumière, les familles). La transmission étant multidirectionnelle, la forme du modeleur n'a globalement plus d'importance.
Entre ces 2 modes de transmission, il y a des variations infinies. Nous ne retiendrons que la transmission mixte (appelée transmission anisotrope) ; elle conserve une constante "unidirectionnelle".
Ces modes de transmission concernent évidemment les modeleurs pourvus d'une toile de diffusion (softbox, parapluie + toile, "scrim jim").
Les constructeurs/vendeurs sont à la recherche du compromis complexe diffusion - direction - rendement. L'effort est louable mais les diffuseurs restent somme toute très fins (et nous n'avons pas ou guère la possibilité d'en changer). C'est ici que l'on comprend que toutes les toiles de diffusion (et donc les produits) ne se valent pas.
LES IMPLICATIONS PHOTOGRAPHIQUES
L'intérêt d'une toile de diffusion (plane) est d'augmenter la taille de la source du point de vue du sujet (dureté des ombres) et d'atténuer ombres et reflets pour produire le modelé désiré. Tout se joue dans la maîtrise du ratio diffusion/transmission ; trop de transmission provoque des points chauds, pas assez gomme reflets et ombres, ce qui ruine le modelé et aplatit l'image. Il s'agit donc d'estomper juste ce qu'il faut d'ombres et de reflets.
En résumé, afin de gérer son éclairage, il faut :
- canaliser la lumière : bloquer la lumière là où l'on désire des ombres -> coupe-flux ;
- gérer la direction/longueur des ombres -> positionner, orienter la source ;
- gérer le falloff (dans la profondeur et le contraste vertical) ;
- gérer la transition ombre/lumière -> pénombre ;
- gérer la densité des ombres, les reflets, les points chauds -> ratio diffusion/transmission ;
- gérer le ratio diffusion/rendement.
Soit, mais quel modeleur permet de gérer au mieux tous ces aspects à la fois ? Contrairement à ce que l'on pourrait croire, il s'agit d'une solution aussi qualitative qu'abordable :
Il faut préférer une toile de diffusion plane contrairement à celle d'un parapluie diffuseur dont la diffusion est radiale, en d'autres termes, un parapluie diffuseur balance de la lumière partout, un peu à la façon d'une ampoule (voir ici), ce qui ne fait pas notre affaire.
En achetant 2-3 toiles de diffusion avec des facteurs de transmission différents, vous pourrez simuler un nombre incroyable de lumières. Les filtres Lee (ici) sont extrêmement qualitatifs et pour quelques dizaines d'euros, vous aurez des mètres et des mètres de filtres. Détournez-vous des solutions du commerce de type "scrim jim" dont le rapport qualité/prix peut parfois interroger.
En contrepartie, il faut disposer d'un peu de recul si l'on souhaite simuler une grande surface éclairante, mais rien d'extravagant. Pour le transport, et un maximum de protection, il faut envisager un tube cartonné, l'encombrement est équivalent à celui d'un grand parapluie dans son sac de transport.
Prix abordable, qualité et grande polyvalence, cette approche mérite sérieusement qu'on la considère.
Contrairement aux softbox, la distance flash/surface diffusante n'est pas figée, autrement dit, avec une toile de diffusion suffisamment grande, on peut simuler toutes les tailles de softbox tout autant que l'on peut changer de filtre et donc de facteur de transmission. C'est là un avantage considérable. On conserve également la possibilité de jouer sur la distance toile/sujet. Les softbox gardent pour elles la présence des bords noirs (pourtour de la toile de diffusion) qui canalisent le flux lumineux à la façon de petits coupe-flux intégrés.
PROCHAIN ARTICLE
La lumière, la réflexion.
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